Monday, November 27, 2006

Notre maison d'édition n'est pas conviée au 1er salon du livre d'investigation


J'apprends ce matin 27 novembre, dans un article reproduisant une interview que j'ai donnée, qu'il se tiendra le 2 décembre prochain le 1er salon du livre d'investigation. Tiens ? Ma maison n'y a pas été conviée ? Son 1er livre, "Ils ont tué la télé publique", a pourtant été l'objet de nombreuses critiques très positives, dans Libération (2 fois), Arrêt sur Images, Charlie Hebdo, Le Figaro, 20 Minutes, Tecknikart (6 pages), la presse belge, la presse suisse, etc. (voir la liste exhaustive)
On a pourtant parlé de notre maison et de son nouveau modèle, indépendant et uniquement basé sur l'investigation, dans Livres Hebdo, Le Parisien, Le Journal du Net, Le Figaro, etc. (voir la liste exhaustive)
Mais non, apparemment les organisateurs de cette manifestation n'ont pas suffisamment investigué pour nous trouver, ce qui est plutôt paradoxal pour le 1er salon du livre d'investigation.
A moins qu'il y ait autre chose... En effet, Bertrand Gobin, dont le lien est sur ce blog depuis le début, a été invité (et sera présent) bien qu'ayant comme nous créé une maison d'édition indépendante cette année, et vendu seulement par Internet...alors que nous étions sur Internet et en librairie.

Malgré tout, je laisse un message vocal ce matin à la personne qui gère apparemment l'organisation. La réponse ne tarde pas, sous la forme d'un courageux SMS : "Bonjour, les inscriptions sont finies pour les éditeurs et auteurs. L'entrée au salon est libre. Un débat est organisé à 14h30 avec le jury. Cordialement."

Bref, une fois de plus, alors que tel est notre coeur de métier, on nous exclut d'une manifestation alors que nous avions toute la légitimité requise pour y être.
En regardant la liste des livres en compétition pour le prix du livre d'investigation, il y en a un qui décrédibilise la valeur journalistique de ce concours : La vérité sur Dieudonné, d'Anne-Sophie Mercier.
Sans avoir d'avis sur son contenu, ce livre est la négation même d'un journalisme de qualité, d'enquête, de confrontation de preuves et de sources. On pourra même dire que sa médiocrité journalistique a servi Dieudonné, qui a pu dire : c'est tout ce que vous avez contre moi ?
Il n'y a absolument aucune information digne de ce nom dans ce livre, les sources sont quasi-inexistantes (à part une fois le journal L'équipe, c'est dire), et ce sont principalement des rumeurs qui sont colportées par l'auteur.
A lui seul, ce livre démontre que c'est le copinage qui a prévalu pour la présélection, la maison d'édition étant une grande maison (Plon). Même Privé, pour qui je n'ai comme vous le savez pas une grande estime, n'est représenté que par un seul livre, dont le thème est d'ailleurs fort peu important (le PSG), alors qu'ils ont publié cette année qui vient de passer quelques bons livres d'enquête, comme celui sur Pierre Goldman par exemple.

Bref, après les prix littéraires copinages, le prix du livre d'investigation copinage. Que voulez-vous : business is business.

Sunday, November 26, 2006

Encore un livre "avorté"


L'actualité est plutôt avare des livres écrits, ayant trouvé un éditeur, mais finalement refusés.
Certes, on en a eu un exemple très récemment, avec cet exemple du livre de Jack Lang qui descendait en flammes Ségolène Royal, avant que celle-ci ne devienne sa nouvelle égérie.
Mais cette médiatisation avait lieu principalement parce que le PS, et tout particulièrement les personnalités concernées, étaient alors sous le feu nourri de l'actualité.
Or la plupart du temps tel n'est pas le cas.

Ainsi, pour ce livre (ou devrais-je dire ce projet de livre) sur Heidegger, nulle actualité ne pouvait faire connaître au grand public le fait qu'il était finalement abandonné par son éditeur, Gallimard. Seul le Figaro y consacra un article, fort détaillé d'ailleurs. Raison principale invoquée à cette censure : il pesait sur certains passages des risques de diffamation. On ne sait pas si le livre a trouvé un nouvel éditeur.
Je rejoins pour ma part l'avis de Renaud Camus, qui dans un communiqué de presse se lamente de voir l'état de délabrement dans lequel se trouve le débat en France.

"Communiqué n° 331, mardi 3 octobre 2006
Sur une "renonciation" des éditions Gallimard

Le parti de l'In-nocence déplore vivement que les éditions Gallimard aient pris la décision de renoncer à publier le livre Heidegger à plus forte raison, ouvrage collectif dû à plusieurs heideggeriens français sous la direction de François Fédier.
Le parti de l'In-nocence exprime sa très vive inquiétude face à la réduction toujours plus sensible du champ de la liberté d'expression dans notre pays, que ce soit par l'effet de la menace judiciaire, de la menace médiatique, de la menace économique ou de la menace tout court, violences à l'appui : les conséquences de cette réduction de la liberté d'exprimer et d'échanger des idées sont déjà tristement sensibles en le climat intellectuel et sur la qualité du débat."
http://www.in-nocence.org/pages/parti/communiques/commu_Frameset.html

Thursday, November 16, 2006

Un livre américain sur Michael Moore ne sera pas traduit en français


Voici 2 ans et demi, j'ai eu l'occasion de découvrir un excellent livre sur, ou plutôt contre le pseudo-cinéaste Michael Moore. Les auteurs de ce livre, par ailleurs responsables de sites internet contre Michael Moore (retirés du net depuis), ont rassemblés toutes leurs analyses et autres décryptages sur les manipulation du bonhomme, pour en faire un livre : "Michael Moore is a big fat stupid white man". En français : Michael Moore est un obèse blanc stupide. Une référence à son livre "Stupid white man", sorti plus tôt et qui est une critique sans concession de ces "connards d'Américains".

Intéressé par ce projet d'édition, j'ai donc contacté voici 6 mois Harper Collins aux Etats-Unis, pour en négocier les droits. On m'a gentiment redirigé vers leur représentant en France, un certain cabinet Bénisti. Ceux-ci m'ont dit que je devais leur envoyer ma proposition, mes références, et tutti quanti, et qu'ils reviendraient vers moi rapidement. Après une dizaine de relances, à ce jour je n'ai toujours aucune réponse, ni positive ni négative, de leur part. Ce manque de respect évident vient-il du fait que ma maison débute, et traite de sujets refusés par d'autres maisons d'édition ?
Peu importe, cette attitude est je trouve déplorable, d'autant que ce cabinet m'avait confié lors de notre 1er entretien, je cite, "qu'aucune maison d'édition française n'était intéressée par les droits de ce livre, sorti en 2004". Mais nous si.
Au moment où Michael Moore va sortir 2 films, un en DVD (sur la campagne de Kerry contre Bush) et l'autre en salles (sur le système de santé aux US), à savoir à l'été 2007, les spectateurs n'auront vraisemblablement pas l'opportunité d'exercer leur esprit critique sur cet esprit critique qu'est Moore, grâce à un livre décryptant ses impostures propagandistes. Plutôt devrais-je dire que ce livre ne sortira pas chez nous, notre planning étant désormais plein pour cette période. Mais cet article est aussi un appel pour ce livre, excellent, puisse être traduit et s'il peut sortir au même moment que les films de Moore, il pourrait faire un carton!

Pour vous donner seulement deux ou trois exemples de l'imposture de Moore qui m'ont marquées dans ce livre :
- il n'est pas né à Flint, ville pauvre et berceau de GM, comme il le dit dans quasiment chacun de ses films pour être identifié à la cause qu'il défend, mais dans la ville bourgeoise d'à côté (petit mensonge) ;
- dans Bowling for Columbine, il diabolise Charlton Heston, président de la NRA (National Rifle Association), en montant un de ses discours d'une manière ordurière et propadangiste (coupe de phrases, ajout d'autres venant d'autres discours prononcés avant ou après et ailleurs, etc.), et en le présentant comme un raciste alors qu'il fut l'ami intime de Martin Luther King ;
- il dénonce le grand capital et le manque de générosité des grands patrons, mais lui-même vit à New York dans une villa de plusieurs millions de dollars, et ne donne pas un kopek de sa fortune aux pauvres.

Il y a de quoi regretter la non-sortie quasi-certaine de ce livre sur Moore.
L'Allemagne a eu droit à un livre sur Moore, même si je ne sais pas s'il est objectif pour ne pas l'avoir lu.
La France n'aura droit qu'à un livre hagiographique sur Moore, paru en 2005 au Pré au Clercs.

Vive la censure, vive l'Amérique, vive la France!

Tuesday, November 14, 2006

Le dernier livre de Paul-Marie Coûteaux censuré ?


Puisqu'il n'existe guère de publication pour faire état de la censure dans l'édition, il nous reste les blogs personnels, disons que c'est mieux que rien, et que cela permet de contourner la censure... sur la censure!
Ainsi, j'apprends par le blog du député européen MPF et écrivain Paul-Marie Coûteaux, que le dernier livre de celui-ci voit sa distribution dans les Fnac de France empêchée...alors qu'il s'agit d'un livre qui défend la langue française !
Je vais suivre cette affaire avec attention et intérêt, tant la langue française, si malmenée de nos jours, mérite mieux que la censure, au pays de Voltaire.
Et je ne peux m'empêcher de comparer l'omerta sur cette censure avec la publicité faite autour de la "censure" qu'invoquaient les auteurs du livre critique sur BHL... parce que le livre se trouvait dans une Fnac au rayon philosophie... alors que BHL est considéré comme philosophe.
Encore des journalistes qui ont compris le business de la censure, sans qu'elle les touche évidemment.

Voici le texte intégral du blog de Paul-Marie Coûteaux :
"Paris, 12 octobre
Petit souci : on me dit de plusieurs parts que mon livre, publié voici déjà deux semaines, est introuvable dans les FNAC. Un de mes correspondants s'est entendu répondre par un aimable vendeur (l'amabilité est une des valeurs de cette institution charmante, dont on n'oublie certes pas, soit dit en passant, qu'elle fut fondée par un ancien secrétaire de Trotsky, un certain Max Théret, ami de François Mitterrand reconverti dans les affaires et convaincu de délit d'initié dans les années 90 ) s'est entendu répondre, disais-je, exactement cette phrase : « Etre et Parler Français ??? Eh ben, avec un titre pareil, ça m'étonnerait kej l'ai ! ». Renseignement pris, la raison dépasse la simple désobligeance du vendeur, encore que l'une et l'autre dépeignent ensemble la gent cultureuse des temps modernes : le centre d'achat des FNAC de Paris n' a pas ouvert les cartons, et les a renvoyés au distributeur. Pourquoi ? Mystère ; mon éditeur échafaude des hypothèses hautement techniques, dont je ne crois aucune… "
http://www.observatoiredeleurope.com/couteaux/Paris,-12-octobre_a210.html

Sunday, November 05, 2006

La différence entre Privé et Tatamis




Ceux qui me connaissent ou qui connaissent les blogs de mes livres (La judéomanie et Ils ont tué la télé publique) savent que je ne porte par Guy Birenbaum dans mon coeur, loin de là. Le patron des éditions Privé, dont j'ai fait mon contre-modèle, aime lui-aussi crier à la censure.
La manière dont il se présente sur son blog, déjà : "Je suis éditeur (Editions Privé). Je suis universitaire (maître de conférence en disponibilité à Montpellier I). Je déteste la censure, l'auto censure, les lâchetés des "milieux" et les compromissions des "entourages" quels qu'ils soient."
Et puis ses livres, qui sont selon lui très souvent victimes de la censure. Cela fonctionne peut-être comme technique de marketing, mais inutile de vous préciser qu'une telle assertion est totalement infondée, et largement exagérée.
Prenons l'exemple de son livre sur l'assassinat du banquier Edouard Stern. Ce livre arbore fièrement un bandeau rouge qui dit "Le livre interdit", rien que ça. Déjà, le doute nous assaille. Comment un livre interdit pourrait atterrir sur les têtes de gondoles des Fnac, Virgin, Cultura et autres grandes surfaces ? Clairement, on a déjà affaire à un abus de langage, à une déformation de la vérité, ce qui est plutôt gênant pour un éditeur qui prétend publier des livres d'enquête journalistique.
Et puis il y a ce que l'éditeur en dit sur son blog. Voici le lien. Lisons ensemble si vous le voulez bien. On apprend que ce livre sera abondamment commenté, "en exclusivité", dans VSD, où (au passage) travaille le patron des éditions Privé, Guy Birenbaum (créant ainsi au passage une entorse au principe déontologique tacite de séparation entre employeur et partenaire). VSD tire à combien d'exemplaires déjà ? Pas assez peu pour qu'on puisse parler d'une publication mineure, ni même secondaire. C'est en centaines de milliers d'exemplaires que ça se compte, et la censure ça se compte plutôt en dizaines, au pire en centaine d'exemplaires. Et on ne peut pas dire que VSD soit une publication "hors-système", ni à condamner moralement parce qu'elle serait hors de la pensée dominante. Non, rien de tout cela. Continuons notre lecture.
Un sujet dans un autre canard a été fait, puis refusé par la direction. Idem pour un sujet au JT d'une chaîne de télévision. Et cela suffit à M. Birenbaum pour parler de censure. Alors que la vraie censure empêche complètement aux sujets d'être ne serait-ce qu'abordé en conseil de rédaction, comme j'en ai fait l'amère expérience avec mon dernier livre.
Malheureusement, la note de Birenbaum s'arrête là, laissant le bloggeur sur sa faim. Il aurait aimé savoir si ce livre avait été black-listé des médias hors VSD, par exemple. Et il aurait appris que non, tel n'est pas le cas. Les auteurs étaient reçus à France Inter le 25 octobre, entre 16h30 et 18h. Et à RTL soir le 18 octobre. Bref, deux des principales radios françaises. Oh, et puis les auteurs ont failli passer le 31 octobre dernier dans l'émission de Marc-Olivier Fogiel, T'empêche tout le monde de dormir, sur M6, mais ils ont été déprogrammés au dernier moment. Il est vrai que cela aurait relevé de la censure également...
Dernier volet de cette "censure", la distribution du livre. Assurée par Interforums, le plus gros distributeur en Europe, le livre a vraiment très peu d'espoir d'avoir une chance de percer, comme on le constate déjà. Interforums appartient à Editis, qui lui-même appartient à Wendel Investissement (du baron Ernest Antoine-Sellière), on a donc affaire au plus rebelle des distributeurs. Mais il est vrai que pour Privé, un livre qui ne se vend pas comme Les Bienveillantes est victime de la censure, dont acte!

Bref, pour ceux qui n'auraient pas compris la différence entre Privé et Tatamis, la voici :
- Privé traite de sujets dont la presse a déjà largement parlé, et même parfois trop (caricatures de Mahomet, Affaire Stern, Mort de Coluche, etc.) et crie à la censure dans un but purement marketing
- Tatamis traite de sujets dont la presse ne parle jamais ou presque (Crise morale de la télé publique, La judéomanie, bientôt l'immigration par escroquerie sentimentale) et lutte avec ses maigres moyens contre cette censure qui s'impose par le politiquement correct (auquel Birenbaum participe d'ailleurs), le refus des distributeurs principaux de nous distribuer, le refus des médias de parler de nos livres.