Friday, April 20, 2007

La censure sarkozienne aurait-elle encore frappée ?


On se souvient du livre sur Cécilia Sarkozy, qui fut brutalement mis au pilon par Nicolas Sarkozy, alors Ministre de l'Intérieur.

Voici peut-être, à quelques jours du 1er tour, une nouvelle affaire de censure dans l'édition par rapport à Nicolas Sarkozy : le manuscrit intitulé Ruptures, et qui était censé sortir aux éditions Michalon. Nous vous en parlions déjà il y a quelques jours, depuis le débat s'est ouvert sur le net.
Voici les interventions principales sur le blog de Daniel Schneidermann à ce sujet :


Daniel Schneidermann :
"Vous êtes plusieurs, à nous en avoir prévenus depuis hier. Serge Portelli, magistrat, membre du Syndicat de la magistrature, ancien conseiller du président socialiste de l’Assemblée Raymond Forni, devait publier ces jours-ci un livre consacré à la politique pénale de Sarkozy, "Ruptures", chez Michalon (par ailleurs éditeur de David).
Ce livre ne paraitra pas.
La blogosphère s’en émeut. On lira ici, , ou encore des échos de cette non publication.
Le livre de Serge Portelli est téléchargeable en PDF, dans des conditions que je n’ai pas très bien comprises. Le site Betapolitique annonce un coût de six euros, mais il semble assez facile de le télécharger gratuitement.
D’après plusieurs sources indirectes, Michalon expliquerait qu’il ne s’agit pas de censure, pas du tout, mais que le livre est simplement mauvais. Sur son site, l’éditeur se tait. Pourtant, si en effet "le silence est la pire des plaies", une explication serait bienvenue. Michalon ne peut être soupçonné de chercher à complaire aux candidats à la présidentielle : l’éditeur a publié voici quelques semaines le témoignage d’une ancienne salariée de Ségolène Royal, qui l’accusait notamment de piquer les charentaises des militants qui l’hébergeaient pendant la campagne. Michalon avait par ailleurs publié un précédent livre de Portelli.
Je n’ai encore eu le temps que de survoler le livre de Portelli, et ne me prononcerai pas sur le fait de savoir s’il est "mauvais". Mais enfin, les têtes de chapitre (justice des mineurs, récidive, traitement chimique, chasse aux étrangers) laissent penser que Portelli est intervenu dans son champ de compétence, champ qu’il semble plutôt bien maitriser : je me souviens simplement que j’avais été très impressionné par sa prestation à Ripostes face à Sarkozy. C’était la première fois que je voyais le ministre contesté solidement à la télé, les yeux dans les yeux, sur son bilan et ses chiffres (Portelli avait nettement eu le dessus). La première, et la dernière. Je n’ai pas revu ça depuis.
Et puis, même si le livre n’est pas un chef d’oeuvre littéraire, un solide bilan critique n’entre-t-il pas dans les missions d’un éditeur qui souhaite "pointer, quel que soit le genre, l’endroit où ça fait mal" ?
Si je peux me permettre une remarque accessoire, je suis surpris par le moment choisi pour rendre publique cette non-publication. Michalon et Portelli avaient-ils vraiment envisagé de faire paraître ce livre une semaine avant le premier tour ? Considéraient-ils vraiment que c’était le meilleur moment ? Le livre a-t-il été imprimé ? A quel moment Portelli a-t-il été prévenu de cette non-publication ? Serge Portelli ou Yves Michalon, si vous passez par ici...
(Actualisation : on lira ci-dessous les témoignages, contradictoires, de Serge Portelli, et de Hélène de Virieu, des éditions Michalon, sur les circonstances du refus du livre.
Portelli assure que "les trois quarts du livre (...) avaient rencontré approbation ou louange (de l’éditeur) avant un refus, du jour au lendemain".
Version de Virieu : "j’ai fait savoir à Serge Portelli le 9 février que je trouvais les chapitres envoyés brouillons, décevants (alors que l’introduction était alléchante)"
Les voies de l’édition sont impénétrables)
Bref. Après le licenciement de Genestar, après la mise au pilon d’une biographie de Cecilia Sarkozy sur pression directe du candidat, qui avait convoqué l’éditeur dans son bureau de ministre, ça commence à faire beaucoup."

Hélène de Virieu, éditrice chez Michalon
"Bonjour Monsieur,
Pour répondre à votre question, on essaie en général de publier des livres bons, et non "pas mauvais".
Le livre que je suis censée avoir censuré n’a jamais été imprimé, il n’y a même pas de contrat.
J’ai fait savoir à Serge Portelli le 9 février que je trouvais les chapitres envoyés brouillons, décevants (alors que l’introduction était alléchante), parce qu’on avait l’impression de l’avoir déjà lu, dans la presse et dans son précédent livre, et qu’en plus ses propositions de gauche étaient plutôt bayrouïstes (du genre "on créé des commissions") ; je termine ce mail en disant "on en reparle quand tu sors de séance". Réponse : "ok, on laisse tomber, je publie sur le net. Merci. Serge."
Puis, plus de nouvelles, sauf par le commérage sur Internet et la campagne de presse qu’un magistrat soi-disant de gauche, plus sûrement méga ambitieux, a décidé d’engager pour satisfaire un ego trip en prenant en otage une maison d’édition qui publie La France rebelle (une encyclopédie bien connue pour être un repaire de chercheurs d’extrême droite !!) ou Apologie du casseur de Serge Roure, qui ne va pas franchement dans le sens de Sarkozy.
Serge Portelli fait courir cette rumeur parce que c’est plus glorieux de dire qu’on a été censuré par Sarkozy (ce qui, dans cette campagne tendue, avec cet ex ministre survolté, est parfaitement plausible) plutôt que de dire qu’on a été retoqué parce que le texte n’est pas bon (ce qui est très fréquent dans une maison d’édition, le métier d’éditeur consistant souvent à dire non). Nous avons publié en mai 2006 un livre de Serge Portelli, Traité de démagogie appliqué, un texte assez virulent sur le bilan de Sarkozy, nous n’avons pas jugé utile de republier un livre très semblable alors que les stocks du premier sont loin d’être épuisés : vous pouvez donc l’acheter pour la modique somme de 12 euros et vous pourrez constater que notre maison est peu complaisante à l’égard du candidat de l’UMP. Votre grand sens de l’observation vous fera également remarquer que nous avons dans notre catalogue Serge Portelli et non Nicolas Sarkozy.
J’ai certainement, comme vous le soupçonnez, de grandes lacunes professionnelles et intellectuelles, mais pas sur ce coup-là."

Guy Birenbaum, éditeur chez Privé :
"J’ai rencontré Serge Portelli, il y a deux mois, je crois, après que Michalon l’ait averti qu’il ne le publierait pas. J’ai lu son manuscrit en quelques jours pour le publier éventuellement dans ma maison d’édition. Son texte n’est ni à proprement parler remarquable, ni explosif en termes de révélations, ni mauvais. C’est un document très informatif, intéressant surtout de par la personnalité et le charisme de son auteur. Malheureusement, je ne suis pas parvenu à trouver de fenêtre de tir pour le publier, puisque nous présentons les programmes au distributeur près de 5 mois avant (nous présentons la rentrée de septembre ces jours-ci) ! Au moment où Portelli m’a appelé chez Privé, il était donc déjà très très tard et je ne pouvais donc plus le glisser dans le programme. Surtout, le texte n’était pas assez "décapant" pour que je puisse l’imposer de force aux représentants et aux libraires, surtout dans un contexte de marasme éditorial. Envoyer un livre aux libraires sans que celui ait été "travaillé" par les représentants est un exercice périlleux car nos amis libraires détestent recevoir par surprise un bouquin qu’ils n’ont pas commandé. Encombrement oblige. Il ne faut donc pas voir forcément une censure là où les conditions de production rendent l’activité plus complexe que ne peuvent l’imaginer les militants ! J’ajoute pour terminer que je connais personnellement son éditrice chez Michalon (celle qui a refusé le texte, parce qu’elle ne l’a pas trouvé bon). Elle est pour moi absolument irréprochable, intellectuellement et politiquement."

Jean Robin, éditeur chez Tatamis :
"J’arrive un peu tard, apparemment, mais cela me permet de constater qu’apparemment il n’y a pas de réponse de M. Portelli. Je me permettrai de donner mon témoignage, cela ne le remplacera pas évidemment, mais donnera quelques informations complémentaires sur cet imbroglio.
Il n’est pas étonnant que M. Birenbaum trouve que Mme De Virieu soit profesionnelle à tous points de vue : ils ont tous les deux refusés mon livre sur Ardisson, qu’ils ont trouvé tous les deux "faible", alors qu’il fut loué par l’hôte de ce blog et par une quinzaine d’autres journalistes qui comptent en France. (Charlie Hebdo, Figaro, 20 minutes, France Inter, Tecknikart, j’en passe) La qualité d’un livre, de même que son potentiel de vente, est plus que subjective. Si les sondeurs se trompent beaucoup, on peut dire que les éditeurs également. Les Bienveillantes, Gallimard n’en avait tiré que 12 000 exemplaires. Résultat : plus de 700 000 vendus. La possibilité d’une île de Houellebecq : on croyait au record, les ventes furent plutôt décevantes. Je pourrais multiplier les exemples, ils sont plutôt la règle que l’exception apparemment.
Mais quand on touche à des sujets sensibles, la politique, les intérêts commerciaux, j’en passe, on aborde d’autres problèmes, et la censure est bien plus présente que pour d’autres livres. Honnêtement, j’ai envie de rire quand je lis qu’un livre à charge sur Sarkozy, écrit par un magistrat de Paris, et qui doit sortir en pleine campagne présidentielle ne serait pas bon à sortir. Et pourquoi chers éditeurs ? Parce qu’il n’est pas bon, tiens ! Ah bon, parce que le livre d’Eric Besson, rédigé en 15 jours à peine, il est bon peut-être ? Ben non, et pourtant il a déjà dépassé les 100 000 ventes, selon le Nouvel Obs d’il y a une semaine. Comme d’ailleurs de nombreux livres sur la campagne. Bizarrement, parmi eux, aucun livre à charge sur Sarkozy. Hasard sans doute (si on met de côté la face karchée de Sarkozy, une BD ne contenant pas de révélation, mais qui démontre plutôt que les livres contre Sarko ont un potentiel élevé de vente). J’ignore si cette histoire de censure est vraie, en tout cas elle me paraît vraisemblable. Qu’est-ce qui aurait pu empêcher M. Portelli d’aller voir d’autres maisons spécialisées, dont la mienne et d’autres, pour être publié quand même ? Rien. Pourtant, je n’ai pas reçu de manuscrit. Et pour l’avoir parcouru en ligne, je peux vous garantir que je n’aurais pas hésité une seconde, évidemment, comme d’autres sans nul doute s’ils avaient eu le manuscrit en main. Combien de livres ont un potentiel de 100 000 ventes de nos jours, où un livre qui se vend à 5000 exemplaires est plutôt une réussite ? Ce n’est quand même pas Guy Birenbaum qui va me contredire là-dessus !
Autant que de la censure toutefois, on pourrait y voir de la pusillanimité, tant il est vrai que les éditeurs français sont devenus craintifs des représailles qu’un pouvoir, médiatique, politique, économique ou autre pouvait exercer sur leur maison si...
Un des derniers livres que j’ai publiés, Le 8è mort de Tibhirine, a été refusé par une trentaine de maisons d’édition avant que son auteure ne se résigne à nous le présenter. Notre maison ayant été créée précisément pour éditer les livres refusés partout ailleurs bien que présentant une légitimité et/ou une actualité tout en restant dans la légalité (ce qui est tout à fait le cas du manuscrit de M. Portelli), nous avons accepté tout de suite. Mais parler du suicide d’un journaliste français qui n’en serait sans doute pas un, quand ce témoignage de sa compagne met en cause un certain nombre de journalistes français, et que Reporters sans Frontières dit "on ne peut rien faire car cela s’est passé en France", c’est sûr, ça se bat déjà beaucoup moins au portillon pour faire connaître cette histoire. Même si c’est Antoine Sfeir qui en a réalisé la préface, et que le livre sort en même temps en Algérie en coédition avec le Soir d’Algérie. A part Marianne et l’Humanité, et je ne parle même pas de la télé et de la radio, c’est pour l’instant le black-out à peu près total (le livre est sorti il y a un peu plus de deux mois). Vous me direz, un journaliste qui meurt alors qu’il s’apprête à révéler les résultats d’une enquête sur un sujet politico-diplomatique où il y a eu 7 morts, ça ne mérite pas l’intérêt des journalistes français. Ceux-ci préfèrent parler des journalistes non-français qui meurent loin de chez nous, comme Anna Politkovskaïa ou d’Ivan Safranov (un journaliste russe enquêtant sur les ventes d’armes de Russie à la Syrie, et retrouvé mort exactement dans les mêmes conditions que Didier Contant)."

Serge Portelli :
"Je voulais simplement vous remercier d’essayer de parler avec objectivité - et de façon contradictoire - de ce livre qui ne sera apparemment jamais un livre. Pour n’importe quel écrivain ou auteur il est évidemment très difficile de commencer la discussion face à l’argument : “votre livre n’est pas bon”. Autant aller sur le site www.betapolitique.fr pour se faire une opinion. L’avantage du net est d’avoir un retour rapide du lecteur. Or les réactions sont très largement positives. Des milliers d’internautes ont déjà lu ce mauvais livre. Certains évidemment confirment le jugement des Editions Michalon - se scandalisant de ce qu’ils considèrent comme une basse attaque de plus contre leur candidat préféré - mais l’immense majorité des appréciations est très favorable. L’ouvrage est jugé particulièrement instructif, utile au débat démocratique voire salutaire.
Je préciserai que ce livre, Ruptures, a été préparé en très étroite collaboration avec l’éditeur. Le plan, le titre, la méthode, l’écriture, le moment de la parution ont été définis ensemble à l’occasion de multiples rencontres. J’avais envoyé les trois quarts du livre et tous ces chapitres avaient rencontré approbation ou louange. J’ai alors reçu un mail m’annonçant du jour au lendemain que l’ouvrage, en définitive, n’était pas bon et qu’il n’apportait rien. Nous étions à quelques semaines d’une parution prévue environ un mois avant le premier tour des présidentielles. Devant cette volte-face, j’ai tenté d’autres éditeurs, mais il était trop tard. J’ai donc décidé de passer par le net avec une équipe entreprenante et sympathique, celle de Betapolitique, et je ne le regrette finalement pas.
Je n’ai jamais eu l’intention de polémiquer avec les Editions Michalon dont, humainement, j’apprécie chacun des membres même si, en l’espèce, j’estime leur attitude calamiteuse et peu courageuse. Je n’ai strictement aucune ambition personnelle, je n’aspire à rien si ce n’est à faire partager des idées. Tous ceux qui me connaissent peuvent en témoigner. Mais à chaque fois qu’un journaliste évoquait ce livre (le fond du livre), il voulait comprendre pourquoi il n’avait pas édité. France Culture, France Inter, Le Monde, Libération, l’Humanité... se sont intéressés à l’ouvrage (comme ils s’étaient intéressés à d’autres de mes écrits) et ont donc ainsi fait état de son histoire éditoriale. J’ai, à chaque fois, donné aux journalistes l’aimable mais discutable version des éditions Michalon : le livre n’est pas bon, il n’apporte rien, ne contient “aucun scoop”, il est une “resucée” d’un précédent livre et il prouve la difficulté d’une pensée de gauche de qualité. Bon, mauvais, ce n’est évidemment pas à moi d’en juger. L’ouvrage semble en tout cas intéresser beaucoup les internautes et des milliers de visiteurs se pressent pour le consulter depuis qu’il est en ligne, ou le commandent en broché. Le texte “tourne” à grande vitesse sur le net. Il a été repris en tout ou partie sur de multiples sites, d’office ou avec mon autorisation (qui n’est d’ailleurs pas nécessaire, je ne gagne et ne veux gagner aucun centime pour cet ouvrage). On peut parler d’un réel succès qui contredit quelque peu le diagnostic du mauvais livre même s’il est légitime d’affirmer que ce succès peut tenir à son interdiction de fait. Il appartient à l’éditeur et à lui seul de décider d’une publication. Travaillant d’ailleurs en totale confiance et dans un climat d’urgence avec les éditions Michalon, il n’avait même pas été question de contrat. Je me souviens qu’à la même époque cette maison d’édition travaillait sur un livre signé de Pascal Clément (notre garde des sceaux) et dont la qualité semblait poser de sérieuses difficultés, pour rester pudique ; ce qui n’a pas empêché sa parution. Les Editions Michalon préféraient d’ailleurs, à cette époque sensible, éditer des livres censés mettre en difficulté Ségolène Royal, ce qui est évidemment leur droit le plus absolu.
Je pense que mon livre “Ruptures” est un des rares ouvrages présentant aujourd’hui une analyse se voulant rigoureuse et complète du bilan et des propositions de Nicolas Sarkozy en matière de sécurité et de justice. Il s’appuie sur de multiples citations de l’intéressé, sur des réalités et des chiffres qui ne sont pas forcément connus. Il était évident que la campagne électorale allait à nouveau porter sur les problèmes de sécurité. Il était évident qu’il fallait discuter de la réalité des statistiques du ministère de l’intérieur (un faux bilan à mon sens, la violence ne faisant que croître, la délinquance étant intentionnellement sous-estimée), de la montée foudroyante de du nombre de gardes à vue (+40000 chaque année depuis 2002), de l’avalanche de lois répressives de puis cinq ans, de l’augmentation dramatique de la surpopulation pénitentiaire (+10000 détenus en cinq ans). Il fallait aussi mettre en question l’utilisation intensive des victimes à des fins de propagande, la multiplication aberrante de fichiers devenus ingérables... Il fallait aussi évoquer des propositions plus qu’inquiétantes : le carnet de comportement des enfants présentant des troubles du comportement dès trois ans, la création de prisons-hôpitaux (il faudrait en créer 21 alors qu’on ne sait toujours pas de quoi il s’agit), un système de peines automatiques au demeurant contraire à la constitution qui devrait conduire en quelques mois à une explosion du système pénitentiaire, une réforme de la justice des mineurs dont le conseil constitutionnel a déjà dit qu’elle ne respectait pas les principes républicains, une justice aux ordres... Impossible de citer ici tous ces thèmes fondamentaux qui ne concernent pas seulement la justice mais la démocratie elle-même et la mettent en danger. Tous ceux qui ont lu le livre en sont ressortis ébranlés, étonnés de découvrir un système dont ils n’appréhendaient jusqu’alors que quelques bribes au hasard de discours ou d’interviews de Nicolas Sarkozy . Les éditions Michalon avaient publié en 2006 un de mes livres - “Traité de démagogie appliquée” - qui ne concernait qu’une loi, celle sur la récidive, votée en décembre 2005. Son champ d’investigation était donc radicalement différent. A moins de considérer que tout livre mettant en cause Nicolas Sarkozy épuise définitivement le sujet.
Que penser de tout cela ? Au lecteur de décider. Personnellement il me paraît étonnant pour un éditeur de travailler étroitement pendant deux mois avec un auteur et de refuser au dernier moment un ouvrage qu’on a trouvé bon jusque là, empêchant, de fait, toute publication. Evidemment les maisons d’édition passent leur temps à refuser des ouvrages que leurs auteurs estiment exceptionnels. Mais nous ne sommes pas vraiment dans ce cas de figure et chacun le comprend. A un mois du premier tour d’élections fondamentales, une telle attitude met en jeu bien plus qu’une politique commerciale d’une maison d’édition. J’ai déjà publié une dizaine d’ouvrages dans des domaines très différents chez plusieurs éditeurs. Je n’ai jamais constaté ni entendu parler d’un tel manque de délicatesse. Ecrire un ouvrage critique sur Nicolas Sarkozy apparaît donc en France une entreprise risquée ou nécessitant de multiples précautions. On le comprend plus facilement aujourd’hui, alors que, dans les salles de rédaction, les langues se délient un peu. On apprend, peu à peu, les pressions, les menaces, les censures, les auto-censures... Futurs auteurs, si jamais Nicolas Sarkozy est élu dans trois semaines, soignez bien vos éventuelles critiques, songez-y longtemps, levez-vous tôt, soyez bons, soyez performants, soyez parfaits, soyez excellents. Citoyens ordinaires, si jamais Nicolas Sarkozy est élu dans trois semaines, précipitez-vous sur le net, vous pourrez y vivre encore un peu en liberté."

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